Parc paysager - Bourgueil (37) 2005

Le réaménagement paysager du site libéré des anciens locaux des établissements Jacquelin au cœur de Bourgueil a permis la réhabilitation du cours d’eau, le dégagement des angles de vue sur l’abbaye et la mise en place d’une liaison entre le bourg proprement dit et la campagne environnante. Il  prend en compte dans sa composition, les éléments qui le structurèrent dans un remaniement continu. Clairement identifiés, ces derniers ont servi d’appuis pour mener une réflexion inscrite dans un schéma d’urbanisme peu dense mais très ancien. Pour assurer une continuité, l’aménagement réalisé conserve la trace, tout en les intégrant, de ces éléments qui constituent le fondement patrimonial du site. Le Changeon, découvert, recouvre sa vocation d’axe primordial dans l’urbanisation des lieux. Seule sa berge Nord reste calibrée, elle témoigne d’une forte prégnance humaine sur le site pour installer des activités économiques et domestiques, elle annonce la ville et l’habitat plus dense. Sa berge Sud est réhabilitée dans une configuration plus naturelle, avec des essences palustres et des ligneux de bord d’eau. Elle limite ainsi le bocage et les jardins et s’harmonise avec les rives au pied de l’abbaye. La mise en valeur du cours d’eau est renforcée par des passerelles qui, constituent des cheminements agréables, génèrent des axes en rapport avec le construit environnant, affirment la limite ondulante et la frontière douce du ruisseau. Les activités pastorales, les cultures, vivrières et de plein champ, la constitution de fossés de drainage, la parcellisation des terrains, ont constitué avec le temps, un bocage ouvert, caractéristique du lit majeur ligérien. Ce lent modelage, reflet d’une très ancienne activité humaine qui permit la fondation de bourg, se retrouve dans l’aménagement paysager réalisé en second plan de la berge naturelle. Cette zone, structurée sans rigidité, insère le site, dans sa partie sud, au bocage environnant et supporte les cheminements aux axes bien définis. En contrepoint de la langueur des cours d’eau et du bocage ligérien, les constructions religieuses avec leurs lignes droites et orthonormées, leur austérité, leur dépouillement et leurs jardins cloisonnés, à la fois vivriers et d’agrément, imposent la volonté sur l’aléatoire, suggèrent le recueillement et l’ordre du monde. En s’appuyant sur un parcellaire ancien, des carrés et des voûtes de charmes limitent des espaces d’intimité, à thèmes marqués, dans l’esprit des jardins moyenâgeux. Propices à la rencontre, ils incitent à la promenade et renforcent les axes de cheminement. Le site, en limite du bourg, conserve la trace de constructions et de rues, aujourd’hui disparues. Dans la partie nord/ouest l‘urbanisation prolonge son schéma le long de la berge calibrée. S’appuyant sur cette trame sous-jacente qui ancre le site au tissu urbain, elle accompagne le lavoir et établit définitivement, dans l’espace, la continuité recherchée dans le temps. Evoluant sous l’action conjuguée de la géographie et de l’activité des hommes, le paysage s’installe et se transmet comme un patrimoine. S’il reflète l’histoire du moment, la sienne est continue.