24 Logements rue Origet - Tours (37) 1988
À l’alignement sur la rue Origet, l’immeuble est perçu au premier abord comme un volume en double hauteur répétant trois fois un motif de loggia et fendu par une faille. Les loggias sont encadrées de brique et couvertes de terrasses plantées. On perçoit rapidement qu’un immeuble de plus grande hauteur est érigé en retrait, que dans la faille se glisse un escalier qui y conduit et que les terrasses sont accessibles aux appartements situés au deuxième étage. En gravissant l’escalier, on découvre sur l’arrière un deuxième immeuble perpendiculaire au premier, implanté au milieu du terrain dont il épouse le déhanchement. Cette opération qui révèle très progressivement ses richesses est une parfaite illustration de la passion de Roger Ivars pour les jeux de niveaux et de son habileté à les imbriquer. Ici, tous les appartements comportent deux, trois, voire quatre demi-niveaux. Et cela se traduit par une grande complexité de volumes, de superposition des logements et de descente de charges. Les architectes ont su tirer parti d’une parcelle relativement étroite et des contraintes réglementaires de prospect et offrir néanmoins à chaque appartement soit un petit jardin, soit une vraie terrasse. Les espaces communs, escaliers, paliers et coursives ne sont pas clos mais généreusement dimensionnés. Ils offrent des parcours ludiques pleins de surprises, des connotations post-modernes, citations de Mario Botta, références à Alvar Aalto mais aussi ce vide-ordure extérieur traité à la manière high-tech du Centre Beaubourg dans un tube peint en bleu. Le travail très élaboré en coupe, la multiplicité des détails étudiés ont donné lieu à la production d’une quantité époustouflante de dessins. Cette tâche n’était pas de nature à décourager Roger Ivars qui les traçait encore à cette époque à la mine de graphite. Mais l’entreprise de gros œuvre et celle qui a produit les menuiseries PVC ont souffert et dû reprendre un grand nombre de détails. Cette opération a récemment été labellisée "Architecture contemporaine remarquable" à la suite de la commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA) le 22 septembre 2020.