Crématorium - Angers (49) 2014

Espace de calme et de sérénité, à la fois digne et apaisant, ce nouveau crématorium veut offrir aux familles la possibilité de se réunir autour de l'être cher pour lui rendre un dernier hommage Le projet a donc été conçu avec une volonté de traduire symboliquement l’idée du chemin de l’accompagnement et de l’élévation en créant un bâtiment fort, mais humble à la fois, sobre architecturalement, au caractère épuré qui offre une légèreté visuelle d’ensemble servie par le choix essentiel du bois qui l’inscrit dans une démarche environnementale forte. Le projet se pare d’ une enveloppe de bois tramée verticalement, qui se déplie comme un carton d’orgue de barbarie, en bande autour du bâti en le protégeant, soit directement en constituant sa peau, soit indirectement en s’écartant des espaces qu’elle protège pour composer une sorte d’enceinte protectrice qui transcende le projet en dynamisant sa forme. Les percements variés qui l’animent, organisent ensuite sa porosité qui s’adapte aux nécessités des lieux protégés en termes d’intimité, d’occultation, ou encore d’ouvertures plus ou moins filtrées sur l’extérieur. En se dématérialisant,  l’enveloppe du bâti trouve ainsi tout son sens, à l’image de celle charnelle du défunt qui va disparaître. De cette enveloppe, émerge au second plan le volume technique des salles de crémation et de filtration, qui affiche une peau cuivrée jouant avec la lumière, qui s’affine verticalement vers le ciel. Depuis l’accès au site, en suivant une approche très organisée, (stationnement traditionnel et végétalisé, cheminement paysagé), puis enfin en franchissant l’enceinte sur le petit pont menant au hall, le visiteur avance sur la symbolique du passage des étapes de la vie. L’enceinte dépliée sur la périphérie du projet, l’affiche comme une œuvre unique et globalisante, image de l’accompagnement protecteur de la famille vers l’acte de la crémation. Celle ci assoit le bâtiment dans un environnement spatial naturel, (la terre, le végétal et le ciel), dans lequel elle se fond subtilement par l’utilisation du bois qui la compose. Elle est à la fois imposante par la force de son unicité, et subtile par son accroche toute en douceur dans le site ou elle se déplie et en légère lévitation, (fentes allongées au ras du sol, habillage bois légèrement décollé), tout en pointant vers le ciel, (fruit du volume émergeant de la crémation qui l’oriente verticalement).  Elle y impose une symbolique forte qui porte le projet en soulignant cette image de l’élévation, du passage d’un état à un autre, de la terre au ciel, de la vie à la mort. En plus de son caractère symbolique, cette enceinte très dessinée, qui joue avec les plans et les matières, permet de faire participer le visiteur en lui offrant une vision de l’équipement, riche de ses jeux de formes, (pliures successives, percements variés, claustras filtres), de façon presque ludique. De par ces différents traitements, qui l’animent le projet rompt ainsi avec la rigueur d’ambiance propre à ce type d’édifice en l’humanisant et en le personnalisant fortement. Gagné sur concours, ce projet a été conduit jusqu'en phase APD, puis malheureusement abandonné par la nouvelle maîtrise d'ouvrage après les élections municipales de mars 2014.